traversée du Petit au grand paradis
En cette fin juin, une seule fenêtre de beau temps sur les Alpes semble s'ouvrir sur le massif du Grand Paradis. Je ne connais pas encore ce sommet, mais Nicolas, mon compagnon de cordée, a lui déjà fait la voie normale. Une belle course d'arête nous tente : la traversée du Petit au Grand Paradis. Nous nous décidons et nous voilà bientôt sur les chemins pavés qui conduisent au refuge Chabot, notre point de départ.

Les nuages, encore bien présents l'après midi, s'agrippent aux sommets. Cependant le ciel se dégage en cours de soirée, ce qui nous permet d'avoir une vue d 'ensemble sur notre course.

Debout juste avant le réveil, comme à mon habitude, je sors pour apprécier la clarté du ciel : la journée s'annonce bien, les étoiles sont là et le regel aussi ! Après le petit déjeuner, nous partons à l'approche de la première étape de notre course : une grande pente de neige qui doit nous conduire au col de Montandayné, à 3723 m. Une cordée nous précède. Partis une heure avant nous ils sont déjà au milieu de la pente.

Une fois au col, deux heures après notre départ, nous admirons le lever de soleil sur la face sud du Mont Blanc avant d'attaquer la chevauchée de notre arête.

Nous cheminerons pendant quatre heure sur cette arête somptueuse agrémentée de montées et descentes sur d'hallucinant blocs de Gneiss.

Une escalade qui déroule ( 3+ maximum), entre ombre et lumières, chaleur de la face est et fraicheur de la face ouest. Grande ambiance ! Nous traversons ainsi sans encombre le Petit Paradis et sa trilogie - Pointe Vaccarone, Farrar et Frassy (3923 m) - pour parvenir au col du Petit Paradis (3877 m).

Débute alors la dernière partie, l'arête neigeuse qui nous amènera au sommet du Grand Paradis. Les nuages présents dans les vallées commencent à remonter et à lécher certains sommets.

Nous atteignons le sommet, à 4061m, par cette longue et esthétique arête de neige, entrecoupé d'un court passage rocheux.

Une vue à 360 degrés nous offre tous les grands sommets alpins : Mont Rose, Cervin, Mont Blanc, Vanoise, Ecrins, jusqu'au lointain Viso...

La descente par la voie normale se fera rapidement par la paisible voie normale glaciaire, puis grâce à la présence de névé qui descendent presque jusqu'au refuge Vittorio Emanuele où nous attend la traditionnelle bière bien méritée. Puis retour à la voiture, où la boucle est bouclée, avec déjà des souvenirs plein les yeux. Un sacré coin de paradis !
Texte et photos : Arthur Dauban